lundi 12 décembre 2011

AFSSAPS : chassez ces sorcières ! Où l’on voit que l’Inquisition n’est pas morte…


Je ne savais pas que mon téléphone et ma boite mail allaient s’agiter anormalement après la parution de mon précédent papier. Entre les appels d’amis me mettant en garde (contre quoi grand Dieu !) et les commentaires détestables que j’ai bien naturellement modéré (en fait supprimé), la journée de dimanche (le 11 décembre) fut remplie de ces signaux que certains dénomment signaux faibles. En vérité, ces signaux ne sont que le prélude à d’autres mouvements plus importants, je n’en doute pas. Initialement, je ne souhaitais poursuivre sur cette affaire et je travaillais sur un reportage au sein des fédérations socialistes, en particulier dans le Nord Pas-de-Calais. Mais, comme souvent, les journalistes sont rattrapés par l’actualité.
Ainsi, je reçus en commentaire un petit mot m’invitant à contacter CharlotteJJ. Entre pseudos, on se comprend facilement, cela ne surprendra pas M. Fillon ! Charlotte me dit qu’elle a publié un article sur LePost.fr le 30 novembre, article aussitôt supprimé par le modérateur. Chacun pourra s’étonner de cette absence d’ouverture d’un réseau social qui ne cesse d’appeler à contribution ses journalistes citoyens ! Je reproduis ici l’essentiel de son document, puisque VoixOff se veut libre et indépendant. Document fort instructif sur l’indépendance des média en général et du Figaro en particulier…

Extraits :

[…] Depuis quelques semaines a démarré à l’AFSSAPS une véritable chasse aux sorcières. Focus sur un règlement de comptes au sein de l’agence du médicament. […]
[…] Le 21 septembre 2011, le Figaro publie un article dans lequel la journaliste Anne Jouan signale que deux responsables de la gestion des risques à l’AFSSAPS, Anne Castot et Carmen Kreft-Jaïs, deux femmes suspendues dès le début de l’affaire Mediator, « ont trouvé des points de chute à l’Agence régionale de santé d’Ile-de-France et à l’Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES). Ces deux nominations rejoignent celle de Fabienne Bartoli, ancienne adjointe au directeur général de l’AFSSAPS qui a été propulsée cet été directrice de cabinet de Chantal Jouanno, ministre des Sports. Enfin, Jean Marimbert (HEC, Sciences Po, ENA), l’ancien patron de l’Agence du médicament débarqué lui aussi de l’AFSSAPS avait réussi à se recaser. Au printemps, ce conseiller d’Etat avait été nommé en Conseil des ministres secrétaire général du ministère de l’Education Nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative auprès de Luc Chatel, ministre de l’Education. »
Quelles sont les motivations du journal dans ces dénonciations ? En l’absence de tout procès, ces anciens de l’AFSSAPS n’ont-ils pas déjà payé assez cher l’affaire du Mediator ? Humiliation, carrière brisée, fallait-il vraiment en remettre une couche ? N’ont-ils pas le droit de retrouver un emploi ?
Mais Xavier Bertrand fait mine de ne pas suivre et l’affaire reste sans suite. Il faut continuer.
Quelques semaines plus tard, c’est Catherine Rey-Quinio, une femme ayant travaillé sur Mediator à l’AFFSSAPS et qui a confié à Irène Frachon avoir travaillé pour le passé pour Servier qui va faire les frais du tribunal de l’Inquisition. Inconsciente, la pauvre s’est jetée dans la gueule du loup.
Irène Frachon dénonce aussitôt cette femme au Figaro.
L’affaire ne traîne pas, la même journaliste rebondit sur son texte précédent et livre à la foule sa nouvelle sorcière.
C’est l’occasion pour le journal de dénoncer une nouvelle fois les anciens salariés de l’AFSSAPS qui avaient survécu à l’article précédent :
« En février dernier, le tout nouveau patron de l’agence, commençait le ménage en suspendant Anne Castot (ancienne chef du service de la gestion des risques et de l’information sur les médicaments), et Carmen Kreft-Jaïs (ancienne chef du département de pharmacovigilance). Problème : quelques mois plus tard, on apprenait que ces deux recalées avaient trouvé des points de chute à l’Agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France en tant que responsable de la coordination des vigilances pour la première, et chargée de mission à l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) pour la seconde. »
Sous l’impulsion de Gérard Bapt, Xavier Bertrand rebondit sur cet article et s’exécute. Ouf ! Un troisième article sur Anne Castot et Carmen Kreft-Jaïs aurait pu passer pour de l’acharnement mal placé… Mais il viendra quand même !
Le ministre a demandé au Directeur Général de l’AFSSAPS Dominique Maraninchi de revenir sur sa décision de promouvoir Catherine Rey-Quinio. S’il ne le faisait pas, Xavier Bertrand aurait fait pression selon ses dires sur le Conseil d’Administration de l’AFSSAPS pour qu’il revienne sur cette candidature.
Le lendemain, le Figaro remet du bois sur le bûcher de Catherine Rey-Quinio en insistant : « La promotion de l’ancien médecin en charge du Mediator à l’agence, par ailleurs ex-salariée de Servier, a créé des remous ». Elle respire encore ? Vite une nouvelle bûche :
« Outre son manque de réactivité flagrant vis-à-vis du Mediator quand elle en avait la charge à l’AFSSAPS, c’est sa fonction précédente qui a cristallisé les critiques. En effet, avant 1998, Catherine Rey-Quinio a travaillé plusieurs années chez Servier où elle était médecin produit Isoméride. »
Qui pourrait survivre médiatiquement en étant affublée en plus d’une étiquette d’ancien salarié de Servier ?
Madame Rey-Quinio a jugé préférable de prendre sur elle et de retirer d’elle-même sa candidature.
Et dans ce nouvel article, le Figaro rappelle à l’ordre subtilement Bertrand au sujet… d’Anne Castot.
L’article du Figaro revenait également sur la nomination à l’Agence régionale de santé (ARS) d’Anne Castot, ancienne chef du service de la gestion des risques et de l’information sur les médicaments à l’AFSSAPS qui avait particulièrement mal géré le Mediator. Xavier Bertrand avait promis de demander à Claude Evin, le patron de l’ARS Ile-de-France « quelles sont les conditions précises du travail d’Anne Castot à l’ARS ».
Cette comparaison avec une chasse aux sorcières est d’autant plus appropriée que jusqu’ici, à l’exception d’une brève allusion à M. Marimbert, seules des femmes ont été « jugées », condamnées et exécutées médiatiquement. Simple coïncidence ?

Merci Charlotte pour votre témoignage. Effectivement cela me laisse perplexe sur l’indépendance supposée des médias… Mais je ne peux que faire le lien entre votre document et l’annonce faite la semaine dernière de la démission en masse de 40 experts de ce même organisme, démission passée quasi inaperçue à l’exception d’un flash actu du Figaro et de quelques revues spécialisées comme le Quotidien du Médecin. Dire qu’il y a une sélection de l’information qui arrange ou qui dérange, c’est une réalité. J’ai envie de dire à Charlotte que son témoignage n’est pas mort et que nous allons le faire circuler. Il faudra que j’essaie de joindre Anne Jouan qui me paraît bien impliquée dans cette affaire...

Sources :

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