lundi 26 mai 2014

Frachon versus Servier : et si David avait perdu contre Goliath ?

La lettre ouverte d’Irène Frachon publiée dans le Huff Post le 16 mai dernier à quelque chose de pathétique. Elle démontre, face à au laboratoire Servier qui a changé de posture, le désarroi de celle qui avait lancé le scandale du Mediator.
La lettre ouverte d’Irène Frachon publiée dans le Huff Post le 16 mai dernier à quelque chose de pathétique. Elle, que l’on croyait désintéressée, a décidé d’entrer en management. Elle apostrophe le nouveau patron des laboratoires Servier avec une espèce de condescendance assez troublante. Elle, qui n’a eu à gérer que ses propres recherches et sa propre existence de médecin, donne des leçons de gestion au directeur général d’un groupe de plus de 3000 salariés, une entreprise présente partout dans le monde, un laboratoire pharmaceutique qui est, quoiqu’on en dise, une réussite économique.
Certes, Irène Frachon n’a pas la même vision du scandale du Mediator que le patron actuel des laboratoires Servier. Elle dit qu’elle a de nombreux patients qui souffrent du Mediator. Elle raconte les témoignages qui affluent. N’en doutons pas, il y a bien des victimes du Mediator et l’ONIAM chargé des indemnisations fait son travail, sans doute pas assez vite que le souhaiterait madame Frachon. Mais l’effet de loupe, bien connu des journalistes (attirer l’attention sur un cas pour en tirer une généralité), ne peut tromper le sens critique. En effet, on cherche encore où se trouve le scandale. On trouve aisément d’autres scandales qui ne font, d’une façon assez incompréhensible, pas le buzz ou la recette médiatique : Gardazil, prothèse PIP et Cereplas, le scandale de l’amiante toujours pas jugé en France, etc.
Dans ce combat de David contre Goliath, Me Frachon propose à Monsieur Laureau de le rencontrer pour lui faire le point et lui donner des informations. On peut supposer que cela fait bien longtemps que les laboratoires Servier ont une idée assez précise des dégâts relatifs engendrés par leur médicament. On peut en effet imaginer qu’ils ont des cellules de veille qui évaluent précisément les dossiers en liaison avec les plaintes, puisque désormais Servier traite au cas par cas au grand dam des avocats qui rêvaient d’un grand procès exemplaire. Il serait intéressant d’ailleurs de savoir ce que représentait le Mediator dans le chiffre d’affaires de Servier. Probablement pas grand-chose.
Non, ce qui est pathétique dans le combat d’Irène Frachon, c’est qu’aujourd’hui, le président fondateur est décédé et que son successeur a déclaré voir cette affaire avec les yeux d’aujourd’hui. Irène Frachon n’a plus Jacques Servier en face. Celui qui avait fait censuré l’ouvrage de Frachon, « Mediator combien de morts ? » a disparu. Celui qui s’était fait décoré de la très haute distinction de la légion d’honneur par Nicolas Sarkozy (et que beaucoup lui ont reproché), a emporté avec lui sa théorie du complot. Jacques Servier, qui incarnait aux yeux d’Irène Frachon, toute la perversité et le cynisme des laboratoires pharmaceutiques, laisse le terrain à une gestion de crise beaucoup plus raisonnée et empathique. Irène Frachon, a beaucoup perdu avec le décès de Jacques Servier. Elle peut toujours demander à la nouvelle direction de faire cesser le travail de sape de leurs avocats (au nom de quoi d’ailleurs ? une entreprise n’a-t-elle pas le droit de se défendre ?), elle peut animer de nombreuses conférences à charge (avec brio au demeurant), la donne a changé.

vendredi 11 avril 2014

Gardasil, combien de morts ? (sur l’air de "Mediator : combien de morts ?")






Avec tout médicament, le risque zéro n’existe pas, c’est écrit sur les descriptifs, il suffit de le lire. C’était valable pour le Mediator, comme aujourd’hui pour le Gardasil.

Bien que les médecins se disent rassurants concernant le Gardasil, les chiffres avancés des dégâts du vaccin contre le cancer du col de l’utérus commencent à faire bouger les lignes. Une pétition signée par 600 médecins et 250 sages-femmes, 25 plaintes déposées contre le laboratoire Sanofi Pasteur MSD, rejette le scandale du Mediator à un épiphénomène. 

Des chiffres
Ce dernier, et selon les chiffres supposés tant par les autorités de santé que par les journalistes spécialisés et les scientifiques, « aurait fait 2000 victimes », chiffre au conditionnel puisque rien pour le moment ne peut garantir l’exactitude de cette probabilité et du rapport de cause à effet direct entre la prise de Mediator et les valvulopathies. En effet, à ce jour, l’ONIAM a retenu 293 dossiers de « victimes » sur les 8350 dossiers déposés. 50% des valvulopathies constatées ne sont pas dues à la molécule benfluorex.
2000 morts depuis 1976, date de l’autorisation de mise sur le marché jusqu’au mois de juillet 2010, date de son retrait définitif, soit une moyenne de 60 victimes par an.
Le Gardasil, c’est 144 millions de doses écoulées dans le monde, plus de deux millions de françaises vaccinées, 206 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2012, des milliards de bénéfice réalisés. Selon le site du docteur Dominique Dupagne, « L’efficacité protectrice de ces vaccins coûteux, largement promus et utilisés, n’est pas prouvée. Nous ne savons toujours pas en 2013 si ce vaccin épargne des vies ou des cancers invasifs. » Et il précise : « Ce vaccin n’apporte actuellement qu’un bénéfice hypothétique et il expose à un risque très rare d’accident grave ». Selon un rapport de 2011 de l‘Agence National de Sécurité du Médicament (ANSM), 1675 cas d’effets indésirables ont été recensés, dont 352 graves. Les données actualisées en 2013 de l’ANSM font état de « 435 cas d’effets indésirables graves dont 135 de maladies auto-immunes incluant 15 cas de SEP »

Les lobbys en action ?
Le laboratoire Servier n’est pas le laboratoire Sanofi Aventis MSD, la branche vaccin de Sanofi. Le rapport de force est sans contexte à l’avantage de Sanofi. Le numéro 3 mondial de la pharmacie possède des modes d’actions bien supérieurs à l’entreprise familiale Servier. Dans son papier d’investigation, Sophie des Déserts écrit : « Le laboratoire peut aujourd'hui se prévaloir de soutiens de taille, ceux de Marisol Touraine, ministre de la Santé, et de François Hollande en personne qui, à la surprise générale, a annoncé, dans le cadre du plan cancer, une relance du Gardasil, avec un doublement de la couverture vaccinale d'ici à cinq ans. Il envisage même, sur les conseils de la Direction générale de la Santé (DGS), de porter à 100% le remboursement de ce vaccin aujourd'hui vendu plus de 350 euros (les trois injections) et de l'inoculer dans les collèges, dès l'âge de 11 ans.
"Le Canard enchaîné" suspecte même la numéro deux de la DGS, Marie-Christine Favrot, d'avoir été influencée par son beau-fils, directeur de la stratégie de Sanofi. Mais, selon nos informations, le Gardasil a aussi été discuté en plus haut lieu. Christian Lajoux, le PDG France de Sanofi, est allé plaider sa cause à l'Elysée, dans le bureau d'Emmanuel Macron. Depuis, le président de la République s'est inquiété que le vaccin ne soit "administré qu'à 30% des jeunes filles...", sans s'interroger sur les raisons de ce désaveu. »

La constance du jardinier
Il convient de relire le roman de John le Carré, The constant gardener, un roman engagé qui dénonce les pratiques des laboratoires pharmaceutiques cherchant à développer des nouvelles molécules et n’hésitant pas à les tester en grandeur nature sur des populations du quart monde. La stratégie marketing et les actions de séduction des populations sont orchestrées par les laboratoires Merck, fabricant du Gardasil. « De l'usine géante de West Point bâtie pour le Gardasil, sur le site d'un ancien parc d'attractions, sortent des millions de lots. Merck en distribue gratuitement à certains pays désargentés, avec l'espoir qu'in fine son produit s'impose aux autorités. Ainsi, en Inde, la firme a fait vacciner des milliers d'adolescentes, sans le consentement de leurs parents, par l'intermédiaire d'une association de la Fondation Bill Gates. Cette expérimentation pseudo-humanitaire lui a valu un rapport cinglant du Parlement indien… Aux Etats-Unis, Merck a convaincu, en finançant sa campagne, le gouverneur Rick Perry de rendre la vaccination obligatoire pour les fillettes du Texas, puis il a voulu faire passer une loi imposant le Gardasil à toutes les immigrantes, avant leur entrée sur sol américain ! Le laboratoire a cherché sans cesse à étendre l'indication de son sérum, aux femmes jusqu'à 46 ans (alors que l'efficacité n'est prouvée que pour les jeunes filles jamais infectées par les HPV) et même aux garçons. C'est ainsi que les Etats-Unis et l'Australie vaccinent aujourd'hui les prépubères, puisque Merck prétend que le Gardasil serait bénéfique sur certains cancers de la gorge induits par des HPV contractés lors de rapports buccogénitaux. »

Et une nouvelle fois, quelle est la place du patient dans ce vaste échiquier du business du médicament ? Où se trouve l’intérêt de la santé publique ? Quels sont les chiffres réels de la nocivité du Gardasil ? 

Pour en savoir plus :

http://ansm.sante.fr/S-informer/Points-d-information-Points-d-information/Gardasil-vaccination-contre-les-papillomavirus-humains-HPV-Point-d-information 

mercredi 19 mars 2014

La fin du Vidal ?





La toute récente « condamnation » des professeurs Debré et Even, (condamné à l’interdiction d’exercer des médecins à la retraite dont 6 mois avec sursis pour la parution de leur livre sur les 4000 médicaments inutiles ou dangereux !), peut faire sourire. Néanmoins il est une réalité plus difficile à admettre : la surprescription de médicaments en France que souhaitaient dénoncer les deux professeurs. Cette surprescription a généré indiscutablement la multiplication d’effets indésirables et une perception plus accrue des dangers des médicaments, qui, dans tous les cas, ne sont pas des molécules anodines.
Le schéma logique, « examen, diagnostic, ordonnance » relève d’une fonction sociale où le médecin a une part de responsabilité évidente face à une industrie pharmaceutique qui tente de préserver des parts de marché juteuses. Néanmoins, accuser systématiquement les laboratoires de vouloir nuire délibérément aux patients est une hérésie et les patients devraient sans doute s’interroger sur le rôle de leur médecin ainsi que sur leurs habitudes de consommation de médicaments.
Que des médicaments soient jugés inutiles restent encore à démontrer et jeter l’opprobre sur les autorités de santé délivrant des autorisations de mises sur le marché, c’est évidemment faire injure à tous les scientifiques et les experts qui seraient jugés comme achetés par l’industrie pharmaceutique.
Il faut seulement espérer que l’ensemble du corps médical sera plus vigilante sur ses prescriptions que le Vidal ne sera pas remplacé par le livre des professeurs Debré et Even.

vendredi 14 février 2014

Le photo journalisme n'est pas mort

Force est de constater que le photo-journalisme n'est pas mort et bien que les contraintes économiques qui pèsent sur cette profession soient de plus en plus puissantes. L'instantanéité, le spectaculaire, la vitesse tentent de remplacer l'humain, la souffrance d'une mère, dans des compositions bien souvent remarquables et qui font oublier le selfie et autres techniques mobiles.
Le palmarès du dernier World Press 2014 est une pépite remarquable. Nairobi, rebelles syriens, Dacca, les souffrances du monde sont là sous nos yeux pur mieux comprendre la violence des hommes, pour mieux témoigner tout simplement. Rappelons l'avis du très grand Reza : "Le photojournalisme, c'est s'exprimer en images, et c'est un des métiers les plus anciens du monde. Je pense aux premiers dessins datant d'il y a 43 000 ans dans les grottes, aux peintures sur les rochers, ou encore aux fresques égyptiennes. Illustrer sa vie quotidienne est un besoin de l'humanité. Cela a toujours existé et existera toujours". 
Si 90% des images du World Press depuis sa création sont des images de guerre, c'est "simplement" parce que la guerre fait partie de notre vision du monde. Il n'y a plus aujourd'hui de guerres cachées, tues, car il y aura toujours un photo reporter prêt à témoigner.
Le photojournalisme, c'est s'exprimer en images, et c'est un des métiers les plus anciens du monde. Je pense aux premiers dessins datant d'il y a 43 000 ans dans les grottes, aux peintures sur les rochers, ou encore aux fresques égyptiennes. Illustrer sa vie quotidienne est un besoin de l'humanité. Cela a toujours existé et existera toujours.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/medias/reza-l-age-d-or-du-photojournalisme-ne-fait-que-commencer_1272216.html#ZiIqf6Syb8GFbxMe.99
Le photojournalisme, c'est s'exprimer en images, et c'est un des métiers les plus anciens du monde. Je pense aux premiers dessins datant d'il y a 43 000 ans dans les grottes, aux peintures sur les rochers, ou encore aux fresques égyptiennes. Illustrer sa vie quotidienne est un besoin de l'humanité. Cela a toujours existé et existera toujours.
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Le photojournalisme, c'est s'exprimer en images, et c'est un des métiers les plus anciens du monde. Je pense aux premiers dessins datant d'il y a 43 000 ans dans les grottes, aux peintures sur les rochers, ou encore aux fresques égyptiennes. Illustrer sa vie quotidienne est un besoin de l'humanité. Cela a toujours existé et existera toujours.
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Le photojournalisme, c'est s'exprimer en images, et c'est un des métiers les plus anciens du monde. Je pense aux premiers dessins datant d'il y a 43 000 ans dans les grottes, aux peintures sur les rochers, ou encore aux fresques égyptiennes. Illustrer sa vie quotidienne est un besoin de l'humanité. Cela a toujours existé et existera toujours.
En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/medias/reza-l-age-d-or-du-photojournalisme-ne-fait-que-commencer_1272216.html#ZiIqf6Syb8GFbxMe.99

dimanche 26 janvier 2014

Une déontologie des médias ?



Les récents démêlés de la présidence de la République avec l’affaire de la prostate, de la couverture de Closer, de la séparation du couple présidentielle, posent une nouvelle fois la question de la création d’une instance de déontologie des médias afin de dénoncer les pratiques douteuses de certains journalistes. La profession a-t-elle les moyens, tant intellectuels que pratiques, de faire sa révolution culturelle ?
Appelé depuis des décennies par certains, sans cesse condamné par les patrons de presse et d’autres journalistes (difficile honnêtement de savoir qui veut quoi ?), l’idée d’un ordre des journalistes ou d’un conseil de presse est un véritable serpent de mer. Alternant le besoin de « contrôler » des dérapages excessifs comme l’affaire d’Outreau, mais revendiquant la sacro-sainte liberté de la presse, les journalistes ne cessent d’hésiter entre autorégulation et instance de contrôle. Si les médias sont prompts à dénoncer les erreurs judiciaires ou les dérives politiques, ils sont moins engagés dans le règlement de leurs propres errements. Se plaçant bien souvent au-dessus des lois (la protection des sources et l’engagement de citoyenneté des journalistes), les rédactions des médias voient d’un assez mauvais œil, la création d’une instance de régulation qui encadrerait les propos. Pour certains se seraient un retour à une forme de censure déguisée. Pour d’autres, ils y verraient enfin une sortie à un dénigrement récurrent des médias dans la société française et bien que le dernier sondage TNS pour la Croix soit relativement moins mauvais qu’attendu. Laurent Joffrin (Nouvel Obs) y verrait une forme de résistance aux propriétaires de presse et aux annonceurs ainsi qu’une une velléité d’indépendance renforcée. Et 66% des Français estiment que les journalistes ne sont pas indépendants, (+2% par rapport à 2012)… Il est donc probable qu’une instance d’auto-régulation des médias permettrait de redonner de la confiance en une profession qui mélange parfois allègrement les genres comme le dénonce Serge Halimi dans les Nouveaux chiens de garde. La collusion répétée entre industriels, politiques et journalistes plombe la crédibilité des journalistes au sens large et sans discernement. Difficile pour le citoyen de s’y retrouver. Mais on a la presse qu’on mérite…