vendredi 27 juillet 2012

Avis de tempête sociale dans les médias


 Après l’arrêt de la version papier du trimestriel Médias et du quotidien La Tribune, la disparition totale de France-Soir, l’industrie des médias connaît une tempête sans précédent. La faute à qui ? 

 
Le chiffre est tombé des analyses de la COFACE : le nombre de défaillances des entreprises sera de 4% en 2012 et le coût de celles-ci est en augmentation de 12%.
Le secteur des médias est tout particulièrement touché. Après l’arrêt du quotidien La Tribune en version papier, qui a entraîné le licenciement sec de 110 personnes, la mise en redressement judiciaire de France Soir puis son arrêt définitif (142 licenciements), la fermeture de l’édition du trimestriel Médias et sa volonté de développer son édition numérique, c’est au tour du groupe Hersant Media (GHM) de peser sur la facture sociale de la presse quotidienne.
Le groupe GHM emploie 650 salariés principalement dans le nord-est de la France (L’Union-L’Ardennais, l’union de Reims, Libération Champagne, l’Aisne Nouvelle). Les négociations avec le groupe belge Rossel, qui s’était porté acquéreur, ont échoué. Seul le pôle normand de GHM est mieux loti : Paris-Normandie vient de trouver acquéreur en la personne de deux journalistes (Xavier Elie et Denis Huertas).
Une restructuration est aussi attendue chez TF1 où 300 emplois seraient menacés selon l’Express. L’imprimerie du Monde (Ivry-sur-Seine) ne devrait bientôt fonctionnée qu’avec 70 salariés et une rotative contre 270 salariés actuellement. Des discussions sont en cours pour sous-traiter l’impression à Ouest-France et d’Ebra, ou à Riccobono qui dispose d’unités décentralisées de la PQN.
Enfin, à Presstalis (ex NMPP), entreprise de distribution de la presse, la CGT parle de la perte potentielle de 1000 emplois.

A qui la faute ?

Plusieurs raisons structurelles et économiques sont à l’origine de se resserrement de la presse dans son ensemble. Tout d’abord, la crise économique contraint les annonceurs à réduire leurs achats d’espace dans les supports médias, principale source de revenus pour ceux-ci.  Ainsi, selon Kantar Media, les investissements publicitaires pour le mois de mai 2012 ont été en retrait de 9,1% par rapport à ceux de mai 2011. Tous les médias ont vu leurs investissements publicitaires diminuer. Les reculs les plus significatifs sont enregistrés dans la presse (-10%), notamment pour les quotidiens nationaux (-18,4%), à la télévision (-5,9%), en particulier les chaînes «historiques» (-10,5%), et en communication extérieure (-18,5%).
Ensuite la concurrence de nouveaux formats d’information pèse sur la diffusion traditionnelle : l’émergence des réseaux sociaux, la mise en ligne gratuite d’informations (Slate par exemple) ou orientée pédagogie (Quoi ? l’actu expliquée), ou encore citoyenne (Agoravox, Rue89). Cette multiplication des supports conduit à un éclatement des offres, certes plus ciblées mais beaucoup moins homogènes qu’auparavant. Seuls les très gros annonceurs peuvent encore conduire des actions de type 360°, c’est-à-dire investir largement dans le multi supports.
Enfin, la faute relève des médias eux-mêmes. Le développement du spectaculaire au détriment de l’information objective et vérifiée, la multiplication des partis pris non argumentés, la profusion de débats stériles et d’une redoutable inutilité (en particulier sur les chaines d’informations en continu), des lignes rédactionnelles quelconques, tous ces critères nuisent globalement aux médias. Le LAT (lecteur, auditeur, téléspectateur) a pris l’habitude de zapper d’une information (si c’est une information !) à une autre pour, in fine, ne rien retenir et trouver refuge dans les médias sociaux.

De plus, la collusion pouvoir politique et pouvoir médiatique (la fameuse médiacratie) plombe durablement la perception des LAT et inspire davantage de méfiance que de compréhension.

Demain ?

L’avenir est sans doute sombre pour les médias classiques, même s’ils ont développé des efforts pour investir tous les supports. Il conviendra probablement de faire preuve de beaucoup plus de conviction dans les rédactions pour retrouver des LAT. L’histoire enseigne pourtant, qu’avant la seconde guerre mondiale, la France occupait une place de choix dans la liberté d’expression et que les quotidiens exprimaient volontiers leurs convictions et leurs engagements politiques, sans concession, ni servilité. Peut-être que les médias français devraient s’inspirer de leur propre histoire.

Sources :
http://www.agoravox.fr/
http://www.rue89.com/

mardi 17 juillet 2012

Quand un quotidien joue la diversité : l’académie du Monde ou la Star’Ac du journalisme.

60 jeunes de 18 à 25 ans vont pouvoir contribuer à la rédaction du quotidien.  Au final, porter un regard nouveau sur l’actualité et embaucher trois jeunes journalistes.



Les objectifs du Monde Académie sont clairs : ouvrir la rédaction à la diversité, traiter de l’actualité autrement, répondre aux attentes des lecteurs. Le programme est lancé à partir de la rentrée prochaine pour 68 Français ou francophones de 18 à 25 ans sans exigence de diplôme.

Le projet est porté par Florence Aubenas et Serge Michel, directeur adjoint des rédactions. Chaque jour, un article sera publié dans le quotidien papier et sur Lemonde.fr. Selon la reporter, il s’agit « de proposer des articles sur des sujets que les jeunes n’ont pas vus dans Le Monde mais qu’ils auraient aimés lire. Nous souhaitons de l’originalité, de l’audace. Ce seront aussi les critères de recrutement ». Le bac n’est pas nécessaire et, la direction l’assure, il n’y aura pas de discrimination positive pour favoriser un type de candidat. L’idée demeure : injecter du sang neuf dans une profession accusée à raison de conformisme social. La dernière enquête publiée dans Médias (été 2012) explique que 74% des journalistes votent à gauche. A la rédaction de Marianne, le candidat Sarkozy aurait fait 0% de voix… Il est vrai que la consanguinité journalistique n’est pas une idée reçue. Il suffit de voir les fils de… sur nos écrans.

Souhaitons que ce projet d’académie du journalisme ouvre les portes à une refondation de la profession. Il serait en effet temps de ne plus considérer celle-ci comme une aubaine, comme une caste à part, une rente, privilégiée, exonérée de toutes critiques. Nous le répétons bien assez souvent, la crise de la presse est tout d’abord une question de responsabilité des journalistes eux-mêmes. A force de réclamer une totale impunité (alors que la justice condamne de plus en plus de journalistes pour divulgation d’informations relevant du secret de l’instruction), à force de réclamer pour leur profession ce qu’ils dénient aux autres, les journalistes s’habillent dans une forme assez puante d’arrogance. L’humilité est pour eux une valeur assez étrange à tel point qu’ils croient toujours que leur nombril est l’emplacement où Dieu à planter le compas qui traça le monde…

Intervenant dans une école de journalisme très célèbre, les étudiants sont plus journalistes que leurs professeurs. Ils estiment tous que la détention d’une carte de presse est un sésame qui ouvre toutes les portes et qui permet tous les outrages. Dans la dernière promotion sortie au mois de juin 2012, aucun sujet portant sur la déontologie du métier ou sur l’éthique du journalisme n’ont été choisis par les étudiants. En revanche, des dizaines de reportages portaient sur la presse sportive… On s’interroge sur le niveau de conviction de ces futures « journalistes », dont, ils l’oublient, la majorité finira pigiste dans la presse quotidienne régionale. Souhaitons bonne chance à cette académie du Monde, en espérant que ce ne sera pas un clone de l’autre Star académie…

lundi 9 juillet 2012

Equipe de France de football : une image dégradée

Après les piètres résultats de l’équipe de France de football à l’Euro 2012, seulement 20% des Français ont de la sympathie pour les joueurs.
 
Après avoir été éliminée sans gloire, sans convaincre et sans donner l’impression d’une quelconque envie de produire du beau football, ou tout simplement de montrer l’envie de gagner, l’équipe de France de football plonge dans la tourmente et le déni. Davantage préoccupés par leur propre image ou par leurs intérêts financiers purement égoïstes, les joueurs ont démontré une nouvelle fois leur préoccupation essentielle : l’argent. Par des comportements puérils, ils ont effacé d’un trait tous les efforts développés par la Fédération française de football qui tentaient de redresser une image anéantie par le fiasco d’Afrique du Sud. Las, la leçon n’a pas été retenue par ces enfants gâtés. L’attitude de Samir Nasri, qui s’en est pris par deux fois à des journalistes, illustre bien l’arrogance de joueurs dénués de tout esprit d’équipe et du sens des responsabilités que confère le maillot bleu. Noël Le Graët, lors de sa conférence de presse du 3 juillet, (cravate ouverte, chemise d’amateur) peut déplorer le comportement de joueurs : « C’est vrai, nous avons un problème avec un certain nombre de nos joueurs. C’est une question de culture, de respect dont il va falloir parler ».

Hélas les bonnes décisions n’ont pas été prises en temps voulu. Après l’Afrique du Sud, il aurait été de bon ton de virer à vie l’ensemble des joueurs et repartir sur des bases saines. Même au prix de prendre des cartons au premier tour de l’Euro. Mais les enjeux, la possibilité d’espérer un sursaut d’honnêteté et d’intelligence des Ribery, Benzema, Ben Arfa et consort était présomptueux.

Les insultes de Nasri envers les journalistes ne passent plus auprès des Français même s’il a reçu un improbable soutien de Michel Platini. L’opinion publique n’a plus envie de pardonner le moindre débordement. Selon un sondage publié par l’IFOP pour le JDD, publié le 1er juillet, seuls 20% des Français affirment avoir de la « sympathie » pour l’Equipe de France.

Peu avant l’Euro, ce taux s’élevait à 56%. La chute est de 36 points, ce qui est colossale en terme de réputation. Un autre sondage produit par Kantar Sport mi-juillet ne devrait pas non plus rassurer les dirigeants de la FFF. Ce qu’il faut comprendre c’est que les sponsors de la FFF ont signé des contrats liés à l’image des joueurs. A ce jour, ce n’est pas moins de 750000€ que la FFF devra rembourser aux annonceurs.

L’équipe de France n’est donc pas seulement confronté à un problème d’image mais également d’argent. Sans contrôle sur l’exemplarité de ses joueurs regardés dans le plus petit des clubs amateurs, la moindre des choses était d’annoncer le gel des primes (100000€ par joueur). De plus, il est urgent de retrouver un entraineur à poigne qui parie sur la jeunesse et l’enthousiasme après la défection de Laurent Blanc (on le comprend). L’argent pollue le football et les esprits faibles. Comment demander à un joueur qui touche net 350000€ par mois de faire preuve d’éthique et d’engagement auprès des associations ? Les Espagnols y parviennent pourtant très bien. L’humilité est une vertu inégalement répartie, hélas…