Les récents démêlés de la présidence de la République
avec l’affaire de la prostate, de la couverture de Closer, de la séparation du
couple présidentielle, posent une nouvelle fois la question de la création d’une
instance de déontologie des médias afin de dénoncer les pratiques douteuses de
certains journalistes. La profession a-t-elle les moyens, tant intellectuels
que pratiques, de faire sa révolution culturelle ?
Appelé depuis des décennies par certains, sans cesse
condamné par les patrons de presse et d’autres journalistes (difficile
honnêtement de savoir qui veut quoi ?), l’idée d’un ordre des journalistes
ou d’un conseil de presse est un véritable serpent de mer. Alternant le besoin
de « contrôler » des dérapages excessifs comme l’affaire d’Outreau,
mais revendiquant la sacro-sainte liberté de la presse, les journalistes ne
cessent d’hésiter entre autorégulation et instance de contrôle. Si les médias
sont prompts à dénoncer les erreurs judiciaires ou les dérives politiques, ils
sont moins engagés dans le règlement de leurs propres errements. Se plaçant
bien souvent au-dessus des lois (la protection des sources et l’engagement de
citoyenneté des journalistes), les rédactions des médias voient d’un assez
mauvais œil, la création d’une instance de régulation qui encadrerait les
propos. Pour certains se seraient un retour à une forme de censure déguisée. Pour
d’autres, ils y verraient enfin une sortie à un dénigrement récurrent des
médias dans la société française et bien que le dernier
sondage TNS pour la Croix soit relativement moins mauvais qu’attendu. Laurent
Joffrin (Nouvel Obs) y verrait une forme de résistance aux propriétaires de
presse et aux annonceurs ainsi qu’une une velléité d’indépendance renforcée. Et
66% des Français estiment que les journalistes ne sont pas indépendants, (+2% par
rapport à 2012)… Il est donc probable qu’une instance d’auto-régulation des
médias permettrait de redonner de la confiance en une profession qui mélange
parfois allègrement les genres comme le dénonce Serge Halimi dans les Nouveaux chiens de garde. La collusion
répétée entre industriels, politiques et journalistes plombe la crédibilité des
journalistes au sens large et sans discernement. Difficile pour le citoyen de s’y
retrouver. Mais on a la presse qu’on mérite…
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