vendredi 18 mai 2012

Médicaments : la corne d’abondance


 Pourquoi, malgré toutes les crises médicamenteuses, rien ne changera vraiment...




Déremboursements, obligation de baisser les prix, nouvelle taxe, à l’heure du procès du Mediator, les laboratoires sont sous pression et voient leurs marges fondre comme neige au soleil. Mais c’est sans connaître les armes de Big Pharma. Représenté par le très puissant LEEM (les entreprises du médicament), leur syndicat professionnel, qui a au demeurant occupe une place de choix à l’Assemblée Nationale, a présenté en fin d’année 2011, une invention vraiment nouvelle : « le médicament économiseur de coûts ».  Le BIPE (conseil en stratégie) a démontré, non sans cynisme, que les médicaments pouvaient éviter certaines dépenses : hospitalisations reportées, arrêts maladie raccourcis, invalidité repoussée. Cette étude affirme par ailleurs « qu’il est économiquement démontré que l’augmentation –très modérée- des dépenses de médicaments remboursables n’est pas imputable à la politique commerciale des industriels, ni à une pression supposée sur les prescripteurs ».
Le LEEM menace ainsi directement : « Les premiers mois de l’année 2011 montrent une dégradation de la balance commerciale du médicament. Toute baisse de prix ou tout déremboursement pris en France a un impact direct sur la valeur de nos exportations. »
Afin de mesurer les enjeux financiers et lourds de l’industrie pharmaceutique, quelques chiffres vertigineux de 2010 :
-          Chiffre d’affaires hors exportations : 27,3 milliards d’euros ;
-          Chiffre d’affaires à l’exportation : 24,1 milliards d’euros ;
-          Excédent commercial : 7,3 milliards d’euros ;
-          Chiffre d’affaires pour les médicaments remboursables : 19,7 milliards d’euros ;
-          Nombre de salariés de l’industrie pharmaceutique : 105000 salariés.
-          Consommation de médicaments par habitants (en dollars, en 2009)(source OCDE) :
o   Etats-Unis : 958
o   France : 640
o   Allemagne : 628
o   Norvège : 391
o   Danemark : 319
Autre élément non négligeable pour comprendre l'impact économique de l'industrie pharmaceutique : l'AFSSAPS (aujourd'hui l'ASNM) a dénombré 14500 présentations commercialisées en France en 2010 puisqu'un même produit peut se présenter sous forme de spray, comprimé, gellule, sirop... Quant à l'OMS (Organisation mondiale de la santé), elle estime que seuls 350 médicaments sont véritablement essentiels...
Chacun comprendra que, malgré les différentes promesses politiques ou électorales, malgré les tentatives de réformes de la filière du médicament, malgré les déclarations péremptoires d’Arnaud Montebourg « il y a 5000 médicaments en France, 500 en Europe du Nord. Cela en fait 4500 de trop », que quiconque veut s’attaquer à Big Pharma devra batailler ferme tant les enjeux financiers et économiques sont vastes. En pleine période de crise qui oserait toucher à la seconde ressource financière des exportations françaises ?

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