Nous
saisissons l’opportunité de la mise en ligne d’une vidéo de Maître Oudin pour
compléter cet article prémonitoire.
Diffusée par Lucie Malière,
qui ne se présente pas, la vidéo représente l’avocat des victimes du Mediator Maître Joseph Charles-Oudin lors de la conférence de presse de l’AFSSAPS le 6
novembre 2010. Ce dernier commet un geste bien curieux, « y a de l’argent
à se faire » semble-t-il dire à un voisin alors que l’annonce est faite de
retirer le Mediator du marché. Chacun pourra s’interroger sur cette curieuse
pratique et éclaire forcément la férocité juridique du jeune avocat. Une
occasion inespérée se présente à lui pour se faire un nom et de l’argent. Le
jeune loup peut dénoncer un scandale de santé publique. En faisant preuve
d’empathie envers les potentielles victimes du Mediator, Maitre Oudin utilise
la stratégie du pied dans la porte, méthode célèbre utilisée par tous les VRP
du monde : créer le besoin, offrir ses services incontournables pour
parvenir à toucher beaucoup d’argent en guise de dédommagement. Et au passage
percevoir de confortables honoraires. Une fois de plus, on s’interroge sur le
silence des médias, de l’absence d’investigation sur des méthodes plus que
douteuses. Le neveu de Catherine Hill, qui a lancé la première le chiffre
aléatoire de 500 à 2000 victimes, a compris tout le bénéfice qu’il pouvait
retirer de l’affaire du Mediator, il n’est pas le seul.
Nous le savions déjà, mais rappelons que la nature a horreur du vide. Le malheur d’autrui est devenu une rente pour certains. Ainsi de cette association Accicorps créée en pleine tourmente du Mediator. Comme l’indique son site internet, les statuts de l’association ont été déposés le 25 décembre 2010. Le site internet, assez indigeste au demeurant, présente les différentes « possibilités » de se sentir soutenu, « de donner des conseils d’ordre général, d’apporter des conseils personnalisés grâce au lien « aide et soutien » par le biais duquel nous nous engageons à vous apporter une réponse dans les 48 heures [comme chez Darty], de proposer un échange entre les victimes d’accidents corporels par le biais du blog pouvant ainsi partager et témoigner de leurs propres expériences douloureuses. L’objectif de notre association et de permettre à toute victime d’un accident corporel d’être accompagnée dans ses démarches et de ne pas sentir lésée ».
Objectifs louables, charitables même, mais chacun
pourrait s’étonner de retrouver dans cette vocation humaniste, seuls deux cas particuliers :
le Mediator et les prothèses PIP. Quid des autres scandales sanitaires, Avandia,
Vioxx, Isoméride, sang contaminé etc. ? De plus un organigramme assez
sophistiqué et également indigeste présente les différentes procédures possibles :
Les
trois types d’accidents médicaux sont assez explicites et une victime doit
identifiée si le préjudice subi est du à son médecin ou à un aléa
thérapeutique, c’est-à-dire quand le bénéfice du médicament est inférieur aux
conséquences du présumé traitement... C’est donc a priori dans cette catégorie que l’on doit placer le Mediator. Les
victimes doivent bien entendu aussi s’adresser à leur médecin qui le leur a
prescrit et comprendre le mode de décryptage…
Néanmoins
il faut relire à deux fois le couplet sur le Mediator :
« Si vous
pensez avoir été victime du Mediator, nous pouvons vous orienter dans vos
démarches aux fins d’indemnisation.
L’Office National d’Indemnisation des Accidents
Medicaux (ONIAM) a ouvert un fond de garantie spécifique aux victimes du
Médiator.
Cette procédure amiable est gratuite mais peut
paraître complexe.
Nous vous conseillons de vous faire assister soit d’un
médecin-conseil, soit d’un
avocat spécialisé en droit médical compétent (et donc pas forcément le plus
médiatisé ou le plus visible sur internet). »
Chacun appréciera ce petit coup de griffes aux avocats
des victimes du Mediator, avocats surmédiatisés et dopés à la haine qui
auraient du réfléchir à deux fois avant de se lancer dans cette procédure
spectacle comme le souligne fort justement maître Gilles Devers (lesactualitesdudroit).
A l’évidence cette association n’aime
pas vraiment les stars du barreau, on peut les comprendre… Donc Accicorps
propose ses services aux potentielles victimes : « N’hésitez pas à nous contacter pour obtenir plus de précisions sur
cette procédure et/ou pour obtenir les coordonnées de professionnels qui
peuvent vous assister avec lesquels nous avons conclu des partenariats ».
Ainsi Accicorps aurait ses propres spécialistes mais aucun nom n’apparaît. Plus
curieusement, la victime doit s’inscrire selon un formulaire, donner ses
coordonnées, mais si et uniquement si l’accident médical est postérieur au 4
septembre 2001. Ce qui veut dire que les « victimes » qui auraient
suivi un traitement au Mediator avant cette date ne disposent d’aucune
possibilité ? Cela est bien curieux pour une association qui se veut
engager totalement dans la défense des victimes d’accidents médicamenteux.
Les mutuelles ne sont pas en reste. Plus les victimes identifiées seront nombreuses, plus les mutuelles seront en mesure de peser contre les laboratoires pour obtenir des indemnités.
La démarche globale des associations de défense de victimes est par ailleurs paradoxale. Comment comprendre qu'elles puissent acheter des espaces dans les moteurs de recherche (et donc payer un prix élevé) et en même temps rester une association à but non lucratif ? Comment croire qu'elles n'ont pour seul intérêt que la défense des victimes ? C'est un peu comme si Emmaüs faisait de la publicité pour recruter. "Pauvres ! rejoignez-nous !" Quelques exemples de publicité de rabattage sur Google :
Les mutuelles ne sont pas en reste. Plus les victimes identifiées seront nombreuses, plus les mutuelles seront en mesure de peser contre les laboratoires pour obtenir des indemnités.
La démarche globale des associations de défense de victimes est par ailleurs paradoxale. Comment comprendre qu'elles puissent acheter des espaces dans les moteurs de recherche (et donc payer un prix élevé) et en même temps rester une association à but non lucratif ? Comment croire qu'elles n'ont pour seul intérêt que la défense des victimes ? C'est un peu comme si Emmaüs faisait de la publicité pour recruter. "Pauvres ! rejoignez-nous !" Quelques exemples de publicité de rabattage sur Google :
Enfin, une association comme Accicorps devrait avoir une réelle activité sur les réseaux sociaux afin de fédérer et mobiliser l’ensemble des victimes. Sa page Twitter laisse songeur. Quelque chose me dit que cela sent l’arnaque. Moi, je serai une victime, je passerai mon chemin…
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